Méry Laurent

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Par Anne Borrel

 

HISTOIRE D’UN PORTRAIT

 

 

  Jacques-Émile Blanche - Portrait de Méry Laurent, 1893. Agrégée des Lettres, conservateur en chef des bibliothèques, Anne Borrel a été secrétaire générale des Amis de Marcel Proust et a dirigé le Musée Marcel Proust d’Illiers-Combray de 1987 à 1999. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages parmi lesquels Proust la cuisine retrouvée / La Cuisine selon Proust (Éditions du Chêne, 1991 / 2009).


       Avec ses premières publications – Le Musée retrouvé de Marcel Proust (Stock, 1990) et Marcel Proust - Écrits de jeunesse 1887-1895 (Institut Marcel Proust International, 1991) – elle découvre le destin bien réel d’une magnifique cocotte fin-de-siècle qui la fascine : Méry Laurent.
       Dans Femmes de Mallarmé (Musée Départemental Stéphane Mallarmé-Lienart Éditions, 2011), Anne Borrel dévoilait certains aspects inédits de la personnalité surprenante et encore trop peu connue d’une vraie « dame en rose » . Elle prépare aujourd’hui deux ouvrages : « Le Poète et la Cocotte » où sera explorée et interrogée la relation de Méry Laurent avec Stéphane Mallarmé et une biographie consacrée à cette muse discrète de quelques hommes de génie qui l’aimaient.

 

 

Méry Laurent, sa vie, ses peintres : Manet, Gervex, Mallarmé

       Pourquoi dire : « elle était… » ?
       Par la grâce de Manet – Manet et manebit (1)– elle est et reste à jamais la fraîche et rose baigneuse des Tub (2) où l’éponge ruisselle dans l’atelier de l’amant, son peintre. Sa vertu favorite – « Être très blanche » – triomphe dans cette nudité crue dont les courbes pleines et saines relèvent le clair tissu fleuri du décor. L’œil petit, la « fraîche bouche étonnée », sourient, comme de surprise ; les mèches blondes s’échappent sans apprêt. La gemme bleutée au petit doigt, le cercle d’or à l’avant-bras signalent la courtisane dont ils sont l’unique vêtement dans cet impromptu lustral.

 

 

 Félix Bracquemond - Ex-libris d’Édouard Manet, 1874.Édouard Manet - Femme dans un tub ou Le Tub, 1878-1879.

 

 


       Et puis, elle s’habille…
       Chaque jour, les trois dernières années de la vie du peintre, cette élégante que d’aucuns trouvent « trop chic », se rend à l’atelier. L’artiste brosse d’ardentes compositions, de vifs pastels : même ovale laiteux et tendre, nez aigu, œil amusé d’oiseau, arc étiré du sourcil, fruit rouge de la bouche, masse blond cuivré des cheveux… chapeaux ; contrastes, vivacité, vérité. Lui, vibrant, ardent, obstiné, travaille avec… toute l’énergie de ce qu’indiquent la palette et les pinceaux de l’ex-libris suggestif. On reconnaît la touche, on reconnaît la femme : « J’ai fait ce que j’ai vu » . Manet voit Méry ; ainsi la voyons-nous, telle.
      

 Edouard Manet - L’automne, 1881      « Elle a consenti à se laisser faire son portrait par moi. Elle s’est fait faire une pelisse chez Worth. Ah ! Quelle pelisse, mon ami, d’un brun fauve avec une doublure vieil or. J’étais médusé (3). » Et l’on devine, sous le relief des pelleteries, le vieil or invisible de L’Automne (4) mordoré du peintre.
       Avant de la montrer parmi les spectateurs du premier rang, à la rampe du balcon, à l’arrière-plan gauche du Bar aux Folies-Bergère(5), auréolée de noir flammé, avec sa robe blanche et ses grands gants jaunes, Manet a réalisé son étude Méry Laurent accoudée (6). Mais cette fois-ci, Méry n’est pas allée, en voisine, depuis la rue de Rome, poser dans l’atelier de la rue d’Amsterdam. Très simplement, le peintre lui a emprunté quelques-unes des nombreuses photographies qui représentent ce charmant profil : c’est si commode !
       Est-ce elle qui se rend Chez la modiste (7) ? Il s’y retrouve le même fond bleu piqueté de chrysanthèmes que dans L’Automne, le même casque d’or brun de la femme. Et voici les chapeaux… À partir de 1881, et entre mars et juin 1882, les pastels de Manet racontent la vie de Méry avec ses chapeaux. La Jeune femme au chapeau blanc (8) , mousse de gaze ceinte d’un ruban noir ; Méry Laurent à la toque (9) , Méry Laurent en paletot à col de fourrure (10) qui a figuré, en 1884, avec quatre autres de ses portraits, à la première exposition Manet, l’année suivant la mort du peintre ; Méry Laurent au chapeau noir (11) empenné d’ors ; Méry Laurent au chapeau fleuri (12) ; la Femme au chapeau à la plume grise (13) - le fameux chapeau « à la Rembrandt » dont se souviendra Proust pour Odette de Crécy… ; la Jeune femme en chapeau à bords rabattus (14) ; Méry Laurent à la voilette (15) , dont les couleurs chantantes la cachent toute… « Ses litanies » ! Et c’est bien elle – « si délicieusement toi, Méry », susurrera Mallarmé. La Femme au carlin (16) excepté, où sa chevelure d’or roux aplati la coiffe seule et où le bouquet de col et le petit chien de manchon font le relief du costume, le vêtement, pourtant superbe, disparaît presque dans cette « Galerie des bustes » . Le chapeau n’est plus ici un « accessoire », il désigne la femme, il la nomme, il la résume ; elle est, là tout entière. Le chapeau, métaphore suprême, la souligne, et même la sur-ligne, comme cette minuscule houppe tricolore – saisissant plumet jaune, rouge, blanc – qui encercle l’arrière de « la tête si petite » du Profil(17) qu’elle accroche dans son salon et léguera à Paul Margueritte, le jeune cousin de Mallarmé.

 

 

 Édouard Manet - Méry Laurent en paletot à col de fourrure, 1882. Édouard Manet - Méry Laurent au chapeau noir, 1882.

 

       Tant de portraits si peu connus, si rarement vus, fulgurances de l’artiste poursuivant l’idéal, c’est elle, toujours mutine, rieuse, multipliée, pérennisée, telle qu’en elle-même enfin Mallarmé la présente : « La dame qu’ici vous voyez, / Dans les fresques du Primatice / A des cheveux blonds déployés. » « Cette dame a pour nom Méry » … « Ouverte au rire qui l’arrose » « avec ce mutin casque blond » elle est « une embaumante rose » ; et tous adorent « l’arôme émané de Méry » .
        Après Manet, l’art de Gervex recrée dans la Naissance de Vénus (18) ses inoubliables apparitions au théâtre : « une fraîche Alsacienne, qu’on a vue […] jaillir nue d’une coquille ornée de stalactites d’argent, dans les apothéoses des féeries du Châtelet (19) » ; car, – les messieurs surtout s’en souviendront longtemps – « elle tenait aux Variétés le rôle très déshabillé de Vénus dans La Belle Hélène (20) » . « Sous ses cheveux de lumière », Méry, émerge, nacrée, rosée, dans le vaste scintillement argenté de la conque de la déesse. L’artiste, son ami, illumine encore une Rosette (21) nimbée d’or roux, toujours jeune dans sa maturité, préludant au Portrait de Méry Laurent, par le même Gervex, en 1892…

       Méry Laurent, voluptueuse et nue, ou élégante et souriante, amoureuse de ses peintres, de ses poètes et de bien d’autres, n’a pas défrayé la chronique boulevardière d’avant et après 1870 ni « fait parler d’elle longtemps » . Discrète dans l’ombre de ses grands hommes, elle n’a pas, comme certaines de ses contemporaines, publié les « Mémoires » d’une vie pourtant rien moins que rangée. C’est pourquoi, peut-être, le nom, l’histoire, le destin, de cette cocotte magnifique nous sont peu familiers et flottent encore dans l’incognito qui entoure le plus souvent les portraits et les poèmes les plus célèbres. Pourtant, celle à qui Mallarmé écrit « mets n’importe quelle robe, tu les rends toutes roses (23) », nourrit, avec son passé sulfureux, ses simples toilettes peintes au temps des équipages, son « paletot de loutre », sa « visite » garnie de skunks », ses violettes et ses chrysanthèmes, le rêve infini d’un jeune inconnu : Marcel Proust. Le portrait de celui-ci, peint par Jacques-Émile Blanche en 1892 et exposé l’année suivante au Champ-de-Mars, est aujourd’hui si célèbre qu’on en oublie presque le peintre. Or, bien avant que l’écrivain de vingt ans ne commence sa Recherche du temps perdu, il voit cette « dame en rose » chez qui le mène son cher ami Reynaldo Hahn. Alors, le jeune compositeur est la coqueluche des salons – salons mondains, salons « artistes », ces dames l’adorent, on se l’arrache. Méry conçoit pour l’envoûtant pianiste au charme ténébreux un « grand sentiment » . Elle l’exprime et le concrétise dans un ultime testament ; en 1898, le cœur chaviré après la mort de Mallarmé, la généreuse Méry, l’« ancienne belle de l’Empire », lègue à « l’enfant Reynaldo » la plus grande part de ses avoirs. Elle disparaît deux ans plus tard, à cinquante-et-un ans, le 26 novembre 1900.

       Née à Nancy le 29 avril 1849, Anne Rose Suzanne Louviot, épouse séparée de Jean-Claude Laurent, devient, à partir de 1865 à Paris, dans le demi-monde du théâtre et de la galanterie, Méry Laurent. Richement entretenue par le docteur Evans, le fameux dentiste américain de Napoléon III, elle rayonne, entourée d’une petite cour d’amis, d’amies, d’amants, peintres, gens de lettres et de théâtre, poètes, journalistes, « soiristes », revuistes, romanciers, musiciens (24) … Le plus célèbre de tous est alors François Coppée, l’auteur du Passant qui révéla Sarah Bernhardt au public ; poète, dramaturge, académicien, membre du Parnasse contemporain avec Mallarmé, il est longtemps son amant discret mais non exclusif. Elle est son « Gros Oiseau » et le « Petit paon » de Mallarmé : une « femme de plumes » en quelque sorte… « Les plus belles Cocottes ne digèrent pas le poulailler… du Vaudeville » écrit-elle à propos d’amies insatisfaites de leurs places au théâtre (25). Elle fréquente familièrement Hortense Schneider, la diva d’Offenbach ; elle est intime avec la « grande Sarah » et bien d’autres actrices, artistes renommées, elles aussi plus ou moins courtisanes. Aimée de tous, elle compte Maupassant parmi ses adorateurs, se confie à Huysmans, rend visite à Verlaine sur son lit d’hôpital, secourt généreusement Villiers de L’Isle-Adam… Elle est pour tous la « bonne Méry », « la belle dame » dont le sourire réconforte ou fait rêver...

       La conjonction étroite de Mallarmé et de son cercle avec cette belle amie place celle-ci dans un milieu « artiste », plus bohème que « gratin », où se mêlent – à sens unique – les personnalités du « monde » et les autres. Ainsi, le comte Robert de Montesquiou, le futur baron de Charlus de Proust, grand seigneur plein de morgue qui se veut homme de lettres et paraît aimer sincèrement l’humble Mallarmé – se rend-il sans façons chez Méry. Il y relève, dit-il, les rimes inscrites par le poète sur les objets les plus prosaïques…

 

Jacques-Émile Blanche, Manet, Méry Laurent

       De telles fantaisies moqueuses ne sont pas, cependant, dans le genre sélect et distingué de Jacques-Émile Blanche : ses fréquentations, si elles admettent des artistes, sont circonscrites aux plus grands, dans les limites acceptables par son propre monde. Petit-fils et fils des éminents docteurs Esprit et Émile Blanche, aliénistes réputés, il connaît, certes, Méry Laurent – qui ne la connaît ? Une ancienne « femme galante » qu’on a vu poser nue, un nom… qu’on ne prononçait pas chez ses parents, une cocotte de haut vol qui donne maintenant dans la littérature. Non pas quelqu’un que l’on reçoit, certes, mais une figure de sa jeunesse qui le ramène à son cher Manet. Car, pour lui, elle demeure peinte par Manet, elle est une tête, un pastel de Manet. Et Manet est son Dieu. Il se rappelle sa première visite à l’atelier de la rue de Saint-Pétersbourg. Il a treize ans : « pourparlers » de son père pour acheter Le Déjeuner sur l’herbe ; crainte de sa mère devant « la nudité de la baigneuse » – on n’exhibe pas de femme nue chez les honnêtes gens… Regrets… Jacques revoit une séance, évoque la « gentillesse » du peintre : « Manet riait de me voir emporter une tête au pastel, Méry Laurent coiffée d’une toque en lophophore, vêtue d’une jaquette grise garnie de skungs ; j’avais obtenu que mon père achetât pour moi cette jolie chose (26)» Il rassemble chez lui jusqu’à vingt toiles du peintre aimé, dont ce pastel de 1882 représentant Méry Laurent à la toque ou « au petit chapeau » que l’on aperçoit sur une photographie de son atelier (27). « Les têtes de Méry Laurent, de Mme Michel Lévy, de Mme Zola, de Mlle Suzette Lemaire, tenaient lieu de cartes de visite, [Manet] les offrait pour s’acquitter d’une dette, ou d’une politesse (28) . » Dans ce bref souvenir, Blanche, comme d’autres auteurs, désigne « Méry Laurent » par son seul patronyme « artiste » ; singularisée comme telle, elle n’a, en effet, jamais droit aux marques de civilité respectable dont on fait précéder le nom des personnes énumérées ensuite.
       Jacques-Émile Blanche évoque avec émotion le second atelier de la rue de Saint-Pétersbourg dans les années 1881-1882, « les deux ans [qu’il a] fréquenté Manet » … Il se rappelle que « des boulevardiers et des demi-mondaines l’entouraient… Charles Ephrussi… commençait à acheter de ses pastels… Méry Laurent, l’amie de Mallarmé, [était une] visiteuse quotidienne, à l’heure où l’on vient bavarder et rire (29). »

 

 

Édouard Manet - Méry Laurent à la toque, 1882Henri Manuel - J-É Blanche dans le grand salon d'Auteuil c. 1900 (à l’arrière-plan à gauche : Méry Laurent à la toque).

 

       Si les modèles de Blanche ne sont pas ceux de Manet, il n’en demeure pas moins que le peintre réputé « mondain » a bel et bien côtoyé la belle Méry et a signé en 1893 un Portrait de Méry Laurent (30) commandé par elle en 1891. Comment se fait-il alors que jamais ne soit mentionnée cette toile parmi les nombreuses représentations de la dame ? Et que cet hapax dans l’œuvre soit demeuré ignoré du public et des spécialistes jusqu’à son exposition en 2011 au musée de Valvins parmi les Femmes de Mallarmé(31) ?
       L’histoire de ce portrait est curieuse et c’est à plus d’un titre qu’elle vaut d’être contée.
       En effet, aucune trace, nulle part, de ce tableau. Le testament de Méry ne le mentionne pas ; il n’est répertorié ni dans les inventaires ni dans les collections du peintre. Certes, la très importante production picturale de cet artiste rapide et fécond est loin d’être connue dans sa totalité. Peintre, écrivain, critique d’art, il produit abondamment depuis sa jeunesse jusqu’à sa mort en 1942 : ses papiers, sa correspondance, sa documentation, ses notes, conservés dans les bibliothèques, musées et fonds privés, réservent sans doute encore des surprises; sans compter les œuvres et documents disparus ou détruits.
       Mais parmi les personnes de l’entourage proche de Blanche, il en est qui, nées à la fin du dix-neuvième siècle ou au début du vingtième et décédées à la fin de celui-ci, ont vécu assez longtemps dans la familiarité du peintre pour transmettre à notre époque, par « tradition orale », la mémoire du temps où le portrait de Méry Laurent se trouvait dans le grand escalier de sa maison d’Auteuil ; et ces personnes ont pu témoigner d’un parcours qui le conduit jusqu’à nous.


       Paul Nadar - Méry Laurent et Stéphane Mallarmé, février 1896.Mallarmé lui-même a-t-il vu ce tableau ? On ne sait. Celui qui avait été le professeur d'anglais de Blanche au lycée Fontanes, lui que le peintre représente, à l'instigation d'Édouard Dujardin, au premier plan d'une Étude pour le portrait de Stéphane Mallarmé et de ses amis de « La Revue indépendante » (32) , parle rarement des tableaux dont Méry, le grand amour de sa vie, est le modèle. Il évoque pourtant, dans une lettre du 12 avril 1893, une photographie où, apparemment, la belle ne se trouve pas à son avantage. Son ami la rassure : « tu poses mal et te dénatures. Tu ne dois réussir qu'à l'instantané et il en faudrait un, ouvert sur toi perpétuellement, dans le jardin. » Trois ans plus tard, le 25 février 1896, Méry posera à nouveau, mais cette fois-ci en compagnie de Mallarmé, devant l'objectif de Paul Nadar.
       Dans quelles circonstances cette toile a-t-elle été réalisée ? Comment Madame Laurent, ancienne courtisane, ancien modèle et maîtresse de Manet, a-t-elle obtenu de poser – mais « en extérieur », c’est-à-dire « dans le jardin » – pour le peintre qui passe pour éminemment « mondain » dont le salon lui est, bien entendu, fermé, en vertu de codes implicites connus et respectés de tous ?
       Hormis les modèles « professionnels », Blanche choisit presque exclusivement ses modèles parmi les gens du monde, en majorité ses familiers ou des relations proches, voire, dans le milieu « artiste », les personnalités les plus en vue, celles qu’on « reçoit » . Le plus souvent, le peintre propose. En de rares occasions, pourtant, il réalise des œuvres de commande.
       C’est le cas du portrait de Méry.

 

Le Portrait de Méry Laurent par Jacques-Émile Blanche

       En avril 1891, Madame Laurent a visité l’exposition des Pastellistes français qui se tient pour la septième année dans le haut lieu de l’art qu’est alors la Galerie Georges Petit, 8 rue de Sèze. Elle a été saisie par l’apparition, presque grandeur nature, d’une majesté en robe de deuil, sans ornement, trônant impassible, hautaine et droite, dans un halo froid, volumineuse fourrure claire débordant en longs plis duveteux d’une invisible cape de soie noire. Le contraste du losange tronqué formé par le taffetas de la robe et les retombées de la pelisse s’étale en tapis, hors des limites du cadre.


 Jacques-Émile Blanche - Portrait de Mlle Julia Bartet, 1889.      Méry s’est arrêtée, longuement, observant de loin et de près le tableau avec son face-à-main. Elle connaît assez bien le modèle et s’extasie sur l’art avec lequel le peintre a dépouillé Julia Bartet, de la Comédie française, de toute allusion « dramatique » pour la représenter dans une abstraction géométrique, une « harmonie en blanc et noir » dans la manière de Whistler. Elle admire le visage diaphane, inexpressif, figé, impénétrable, de la tragédienne, étiré par la coiffure haute qui s’élève, très brune, jusqu’à une volute de cheveux d’où se dresse la double pointe d’une petite « aile de corbeau » . La ligne élancée du cou délié, nacré, plongeant dans le tissu noir mat de la robe avec le triangle du décolleté nu, est soulignée par le reflet luisant d’un long gant de satin noir où s’appuie la joue à peine ombrée de rose. Pourquoi le seul accessoire est-il cette vague composition de fines fleurs funéraires disposées à la taille ? L’actrice, lointaine, inaccessible, semble régner sur des mystères qui ne sont pas de ce monde. « J.E. Blanche » a signé en bas à droite ce pastel aux proportions rares, daté de 1889 (33) .


       Quelle allure ! Quelle distinction exquise ! Madame Laurent s’imagine aussitôt portraiturée avec autant de grâce ; voilà qui serait « chic » . Certes, elle aimait la manière moderne dont Manet esquissait naguère son petit visage clair, souriant, sa joue de rose-thé ; mais ce n’était pas pareil ; elle se revoit, presque encore jeunette, entre le velours travaillé des bords d’un chapeau à toque de plumes noires ébouriffées d’or et le collet, les ruchés, la large cravate bouffante d’un corsage également noirs. Gai, le noir qui éclaircit le teint et dore la mousse d’un frison de cheveux derrière l’oreille. Méry, « avec raison s’adorant », comme dit Mallarmé, aime toutes les images d’elle. Et aujourd’hui, elle se verrait bien peinte comme Bartet, impénétrable, énigmatique…


       Il lui faut son portrait par Blanche, un haut portrait en pied comme celui de « la divine » . Une image idéale, atteignant aux régions éthérées où se meut « l’homme au rêve habitué (34) » : elle se voit ainsi « quintessenciée » . Il lui faut ceci – et « Tout de suite ! » – n’est-ce pas sa devise ?
       Elle envoie chercher un télégramme, commence à inscrire l’adresse : « Monsieur Jacques Blan » mais, saisie d’un scrupule, se ravise. Il y a si longtemps… Le peintre lui paraît tout à coup inaccessible, dans un empyrée où elle ne peut se permettre de l’interpeller cavalièrement. Il serait plus habile, pour le toucher à coup sûr, de passer par un intermédiaire, un de ses familiers proche. « Dujard’ », comme on l’appelle, aussi bien dans le monde de Blanche que dans le demi-monde de Méry, sera cet ambassadeur. Sans façons, elle repasse vite sa plume par-dessus les lettres déjà formées et inscrit « Édouard Dujardin » . Son charmant jeune ami ne manquera pas de réussir sa mission.


       Blanche et lui sont très liés depuis longtemps. À vingt-et-un ans, ils ont assisté ensemble à la création de Parsifal à Bayreuth, en juillet 1882. C’est la jeune génération symboliste, le groupe de la Revue Wagnérienne fondée par Dujardin en 1885 ; et de la Revue Indépendante, qu’il dirige. Dans la première, Mallarmé a publié son fameux « Richard Wagner, rêverie d’un poète français » et, en 1886, le sonnet d’« Hommage » qui a fait grand bruit ; à la seconde, le poète donne des « Notes sur le théâtre ». Jacques-Émile Blanche soutient activement les deux revues grâce à ses relations fortunées mais il n’est pas vraiment comme ces bouillonnants jeunes gens un « fidèle disciple » du « Maître » ; il regrette même, parfois, de se sentir « exilé », loin de Mallarmé et des « Mardis » de la rue de Rome. Plus réservé, et bien qu’il ait le même âge, il se fait pourtant, dans le monde, le guide et le mentor de Dujardin qui admire son élégance, son raffinement, sa bonne éducation.
       Méry aurait-elle pu tout aussi bien choisir l’entremise de Mallarmé pour commander son portrait ? Ou celle de Gervex, son voisin, ami et un peu plus, son peintre, dont Blanche a aussi un temps fréquenté l’atelier ? Non, il y a décidément trop de susceptibilités à ménager des deux côtés. Au contraire, Dujardin l’arriviste, poète, romancier, dramaturge, essayiste, irrésistible dandy, noceur impénitent, joueur et turfiste infernal, est vraiment un intime du peintre ; il figure dans plusieurs de ses compositions ; il fait de longs séjours à Dieppe, au Grand-Hôtel, d’où il écrit sur le papier à lettres de Blanche pour faire croire qu’il réside chez lui… Avec Méry, c’est un gentil flirt où l’on échange des confidences… Il lui demande, comme d’autres, « Pourquoi ne renvoyez-vous pas Evans ? », ce à quoi elle répond : « Ce serait vilain, je me contente de le tromper ». Une morale qui satisfait, somme toute, tout le monde. Il lui raconte ses mille frasques de garçon – elle sait qu’il en dit – et fait – plus encore. Il faudra qu’elle s’occupe, un jour, de le caser.

 

 

Télégramme de Méry Laurent à Édouard Dujardin : adresse.

 

       En hâte, elle rédige le « petit bleu » qui va porter le cachet postal « Pl du Havre / Paris / 14 avril 1891 », adressé à « Monsieur Jacques Blan » surchargé en « Édouard Dujardin » / « 11 Chaussée d’Antin 11 »

 

   « Cher Monsieur Dujardin,
   Je suis allée hier rue de Sèze où j’ai vu l’admirable portrait de J. Bartet. Mr Blanche a bien du talent et si il consentait à me faire j’en serais bien heureuse c’est exquis en tout le reste de l’exposition m’a paru terne à côté de ce portrait sombre et lumineux.
À vous, à vous,
Méry
Tout va très bien il me semble. (35)

 

Télégramme de Méry Laurent à Édouard Dujardin : texte.

 

 

       Méry, pourtant, devra attendre avant de voir le portrait ardemment désiré qui portera, en bas à droite, la signature bien
connue : « J.E. Blanche / 93 »


       Le peintre est très répandu, très recherché, très occupé. Chaque année depuis 1882, il expose de nombreux tableaux à Paris, en province, dans les principales villes d’Europe, aux États-Unis… Lors de l’Exposition universelle de 1889, une salle entière lui est consacrée. La presse loue, en 1891, son désormais célèbre Maurice Barrès. À l’exposition Portraits d’écrivains et de journalistes du siècle de la Galerie Georges Petit, en 1893, il présente neuf toiles et, en mai de la même année, onze tableaux au IVe Salon de la Société nationale des beaux-arts, au Champ de Mars ; parmi ceux-ci, les portraits d’André Gide, d’Yvette Guilbert, de Marie de Hérédia ; et celui, réalisé l’été précédent, d’un petit voisin d’Auteuil, un obscur jeune homme du monde qui tente d’être publié, Marcel Proust (36) . Le peintre ne se déplace pas : lorsqu’il n’est pas en Normandie, en Angleterre ou en voyage, il reçoit les modèles chez lui, à Auteuil.

       Madame Laurent ne va pas être introduite dans l’intimité de l’atelier. Le docteur Blanche est mort le 15 août 1893 mais son fils maintient néanmoins la distance imposée par les convenances. Madame Laurent attendra ; elle ne sera pas introduite dans l’intimité de l’atelier. D’ailleurs, la belle santé de sa carnation appelle la nature ; Méry va donc poser en plein air, comme le suggère Mallarmé : devant un fond de verdure mi-éteinte, mi-vivace, où l’on distingue le vague entrecroisement du treillis d’un mur du jardin de la propriété familiale des Blanche à Auteuil. Elle occupe, en buste, la quasi-totalité du tableau. Dans le tiers supérieur, la « tête si petite » du « très grand trésor » du poète se détache de la riche toilette sombre qui s’étale largement au-dessous jusqu’à déborder du cadre.
       Sa claire face arrondie, légèrement inclinée de côté comme pour une invite, sourit, montrant des perles blanches – ses dents – dont elle s’enorgueillit toujours. Une mèche de cheveux agrémente son front d’un léger frisottis ; des bandeaux discrets remontent au sommet de la tête jusqu’à former un petit boulet de chignon auburn. L’arc gris-noir des sourcils, les yeux largement ouverts, le « petit nez retroussé », les lèvres au brillant carminé, sont finement dessinées, comme celles des « poupées longtemps montrées à l’étalage » auxquelles Montesquiou dit que Méry ressemble.


       Occupant tout l’angle inférieur droit du tableau, coupée par la limite du cadre, la vaste vibration du plumage blanc d’un éventail déploie une intense et abondante clarté dans l’axe oblique du visage ; à l’angle opposé se détache, discrète, surmontant la main invisible qui tient les lames rousses du manche d’écaille un peu écartées, la partie supérieure du poignet revêtu d’un gant immaculé. Deux cercles d’or y indiquent, redoublé, le signe distinctif de la belle qui a réussi, enrichi encore par la note bleutée d’une turquoise ponctuant de son relief l’extrême bord de la composition.


       La toilette est une savante pyramide inversée de dentelles sombres, de part et d’autre d’un tour de cou de satin parme noué en une fleur au centre rond orné de sept perles. La chantilly noire s’étage en une vaste collerette à volants superposés ; au-dessus de la manche, la dentelle laisse voir la soie mauve de la robe ; un drapé, à la taille, esquisse la grande forme transparente d’un cœur ; un bijou aux reflets argentés s’inscrit, au milieu du corsage, dans la ligne des clartés, avec le visage, les perles, et la « considérable touffe » – aurait dit Mallarmé –, de l’éventail. Cette ébouriffante parure vient-elle de chez Worth ? Son ampleur, sa richesse, ses ornements semblent indiquer qu’elle a spécialement été commandée pour immortaliser l’élégance et mettre en évidence la respectabilité, la « distinction », de la « Dame au cœur clos d’une agrafe » célébrée par son poète. Mais si celui-ci loue toujours l’éternelle jeunesse de la belle, c’est pourtant le persiflage de Montesquiou que suit, pour son tableau, le peintre qui donne au visage du modèle de quarante-quatre ans, détonnant sur la recherche affectée de la mise, un « air de bébé anciennement primé ».
       Il y a loin du « portrait sombre et lumineux », sobre et dépouillé, de Mademoiselle Bartet à cette représentation colorée, surchargée, de Méry en grande cocotte exposant ses plumes, ses perles, ses bijoux, ses dentelles, ses artifices. Loin aussi de certaines images enlevées, spontanées, que Manet prenait, douze ans plus tôt, d’une Méry sans apprêt.


       On ignore comment la dame a apprécié cette œuvre, et même si elle l’a bien reçue. Ce serait une raison pour laquelle le portrait ne figure pas dans son testament de 1898. Rêvait-elle, en se faisant « faire » par Blanche, d’être miraculeusement transformée en une créature évanescente, abstraite, mystérieuse, inaccessible – « mallarméenne » en quelque sorte ? Elle se voulait ainsi, et « Tout de suite ! », en 1891. Après deux années où elle a « failli attendre », elle a oublié l’urgence et Julia Bartet. C’est une autre Méry, avide de considération qui a posé. Le résultat n’est pas celui d’un « instantané ouvert sur elle dans le jardin » : le contraste entre l’étalage, sur la verdure, de ses belles dentelles sombres, de l’énorme volume de ses plumes de « paon blanc », et d’un visage poupin trop rajeuni, censé peut-être flatter le modèle, n’a rien de spontané. Le « petit paon » de Mallarmé n’est qu’une patronne de maison retirée, fortune faite. Ce Monsieur Blanche est décidément bien décevant. Les Manet étaient « modernes », enlevés. Blanche aurait dû donner au moins la vision classique d’une dame respectable.
       L’apparent désintérêt de Méry pour le tableau, le peu de cas qu’elle en fait au moment où il lui arrive l’a peut-être conduite à le reléguer dans un cabinet ; tant d’autres modèles se refusent à exposer dans leur salon un portrait somptueux, irréprochable, parfait, mais dont les atours magnifiques masquent trop mal l’image insupportable de vérités profondes révélées par le fin analyste de l’âme qu’est le fils du docteur Blanche. À moins que, devant l’adoration manifestée par Élisa Sosset, sa gouvernante, sa confidente, elle n’ait décidé de lui offrir ce tableau. Élisa avait pour Manet une dévotion presque égale à celle qu’elle professait pour sa maîtresse. Son propre portrait au pastel – dernière œuvre du peintre qui le lui avait promis – ne se trouvait-il pas sur son chevalet au moment de sa mort (37) ? Ainsi, les deux portraits auraient pu être placés chez Élisa, c’est-à-dire chez Méry, et même y demeurer durant trois ans après la mort de celle-ci, en novembre 1900, puisqu’aux termes du testament la fidèle camériste avait la possibilité d’occuper, « tous frais payés », l’appartement du 52, rue de Rome.


       Jacques-Émile Blanche qui aimait ce tableau a toujours dit, selon la « tradition orale » transmise par ses proches, qu’il l’avait « racheté » avant d’en orner l’escalier d’Auteuil. Mais racheté à qui ? On ne peut que proposer des hypothèses. À Élisa ? Ou à Reynaldo Hahn, le bien-aimé exécuteur testamentaire et légataire de Méry Laurent ?


       Si ce portrait inconnu a pu être récemment exposé (38) , c’est que la « tradition orale » rapportée à son actuel propriétaire par sa bisaïeule (1888-1978) et confirmée par son aïeule, lui a permis d’en retracer l’histoire.


       En effet, sa grand-mère, née en 1913 et très proche de lui longtemps, vécut jusqu’en 2000. Elle était la filleule du peintre qui avait projeté de l’adopter car depuis son enfance, avec les siens, elle partageait la vie familiale des Blanche. Belle, libre, mannequin chez Madeleine Vionnet, elle était aussi créatrice de mode. Lorsque, en 1936, elle annonça à son parrain son intention d’épouser un jeune prince libanais venu étudier la peinture à Paris, Jacques Blanche s’opposa au mariage, vivement contrarié de voir sa filleule suivre un mari à Beyrouth. Il lui fit néanmoins présent, à cette occasion, de quatre toiles. Parmi celles-ci, le portrait de Méry, dont Blanche disait qu’il était l’une de ses meilleures œuvres et que la jeune femme avait toujours vu, comme tout le monde, dans le grand escalier de la maison d’Auteuil. Elle en orna l’un des salons de sa résidence où une photographie la représente, assise sous le tableau. Ainsi, Méry demeura pendant dix ans à Beyrouth, jusqu’à l’indépendance du pays et le départ, en 1946, des dernières troupes françaises. Les tableaux de Blanche, laissés là avec les autres possessions, furent seuls renvoyés à Paris dans les années qui suivirent. Pourtant, en 1951, la filleule de Jacques-Émile Blanche ayant quitté son mari en abandonnant à nouveau les tableaux – sa famille en possédait encore tant d’autres – le portrait de Méry Laurent fut considéré comme définitivement perdu ; d’autant plus que, de son côté, le prince était parti vivre à la cour de Ryad sans se soucier des collections d’art qu’il laissait en France. Lorsqu’il revint à Paris dans les années soixante-dix, il connut de sérieux revers de fortune et mourut ruiné en 1993. Dans le portefeuille qu’on remit alors à son petit-fils, celui-ci ne trouva qu’un reçu du Mont-de-Piété. Il croyait dégager des œuvres peintes par son grand-père et mises là en sûreté pour les soustraire aux saisies dont l’aïeul était sans cesse menacé. Les frais de garde ayant été régulièrement acquittés, il en coûta cent vingt francs pour libérer un paquet ficelé avec soin : il contenait les quatre tableaux de Jacques-Émile Blanche, dans leur châssis, emballés deux à deux, face à face. Dans son aventureux parcours, Méry Laurent – ou du moins son image – avait séjourné une vingtaine d’années « Chez ma tante », au Crédit municipal de Paris.
       Plus tard, le tableau fut encore subtilisé et mis en vente sous une fausse appellation chez un commissaire-priseur de province d’où il fut retiré in extremis ; mais une marchande indélicate le prit en dépôt... Enfin, le portrait fut définitivement restitué à son héritier légitime, Stéphane-Jacques Addade qui, émerveillé, le découvrit une seconde fois. C’est à ce dernier que l’on doit d’avoir exhumé de la masse considérable du fonds Jacques-Émile Blanche de la bibliothèque de l’Institut de France le télégramme, pourtant mal classé, de Méry à Édouard Dujardin ; cette preuve irréfutable de la commande à l’origine de la toile que nous avons aujourd’hui sous les yeux nous amène, après tant de vicissitudes, devant le sourire retrouvé de Méry Laurent peint par Jacques-Émile Blanche.

 

NOTES :

(1) Manet et manebit [Il est et restera] ; gravure de Félix Bracquemond, 1874. Paris, Institut national d'histoire de l'art, collections Jacques Doucet. (Revenir)
(2) Les œuvres citées le sont d'après Manet : Catalogue raisonné par Denis Rouart et Daniel Wildenstein, Lausanne, 1975, 2 vol. [ci-après RWI ou RWII suivi de la cote].
Voir, pour Méry Laurent et le thème de la toilette (1879) : Femme dans un tub (RWII, 24). Pastel. H. 0,55 ; l. 0,45 ; 1879. Paris, Musée d'Orsay. Femme au tub (RWII, 23). Pastel. H. 0,46 ; l. 0,56 ; 1879, Vienne, Albertina Museum. La Toilette (RWII, 25). Pastel sur bois. H. 0,56 ; l. 0,46. 1879. Zurich, Fondation E.G. Burhle. Femme à la jarretière appelé aussi La Toilette (RWII, 22). Pastel. H. 0,53 ; l. 0,44. 1879. Ordrupgaard Art Museum, Copenhague. (Revenir)
(3) Antonin Proust, Édouard Manet Souvenirs, L'Échoppe (seconde édition), 1996, p. 59. (Revenir)
(4) Édouard Manet, L'Automne (RWI, 393) ; Huile sur toile. H. 0,73 ; l.0,51. 1181. Nancy, Musée des Beaux-Arts (legs Méry Laurent). (Revenir)
(5) Édouard Manet, Le Bar aux Folies-Bergère (RWI, 387) – Esquisse pour le suivant. Huile sur toile.. H. 0, 47 ; l. 0,56 ; 1881, Gemeentemuseum, Amsterdam. Et Le Bar aux Folies-Bergère (RWI, 388), 1881-1882. Huile sur toile.. H. 0,96 ; l. 1,30. Londres, Courtauld Institute of Art. (Revenir)
(6) Édouard Manet, Méry Laurent accoudée (RWII, 51). Pastel. H. 0,61 ; l. 0,50 ; 1881. Esquisse pour la composition du Bar. La notice de RW spécifie : « Sur la photo Lochard [photographe des tableaux pour la vente après décès] la mention : « Pastel fait d'après une photographie.» Collection particulière (Famille Hecht). (Revenir)
(7) Édouard Manet, La Modiste (RWI, 373). Huile sur toile. H.85 ; 1 ; l.73,7. 1881. San Francisco, Fine Arts Museum of San Francisco. (Revenir)
(8) Édouard Manet, Jeune femme au chapeau blanc (RWII, 83). Pastel. H. 0,56 ; l. 0,46. 1882, Collection particulière. (Revenir)
(9) Édouard Manet, Méry Laurent à la toque (RWII, 74). Pastel. H. 0,54 ; l. 0, 34 ; 1882. Sterling and Francine Clark Art Institute, Williamstown, Mass. (Revenir)
(10) Édouard Manet, Méry Laurent en paletot à col de fourrure (RWII, 72), Pastel. H. 0,54 ; l. 0,34. 1882, Collection particulière. (Revenir)
(11) Édouard Manet, Méry Laurent au chapeau noir (RWII, 73). Pastel. H. 0,54 ; l. 0,44.1882. Dijon, Musée des Beaux-Arts (Legs Dr. Robin). (Revenir)
(12) Édouard Manet, Méry Laurent au chapeau fleuri. Pastel sur toile. H. 0,54 ; l. 0,34.1882. Hiroshima Museum of Arts. (Revenir)
(13) Édouard Manet, Femme au chapeau à plume grise (RWII, 85). Pastel. H. 0,53 ; l. 0,34. 1882. J.M. Montgomery Sears Collection, Boston, Mass. (Revenir)
(14) Édouard Manet, Jeune femme en chapeau à bords rabattus (RWII, 75). Pastel. H. 0,55 ; l. 46,5. 1882. Collection particulière. (Revenir)
(15) Édouard Manet, Portrait de Méry Laurent à la voilette (RWII, 52). Pastel. H. 0,56 ; l. 0,35. RW spécifie : « Exécuté en 1881 dans l'atelier de la rue d'Amsterdam. » New-York, collection particulière. (Revenir)
(16) Édouard Manet, Méry Laurent au carlin ou Femme au carlin (RWII, 76), figure dans l'inventaire après décès de Manet sous le titre Femme en corsage noir tenant un chien. Pastel. H. 0,53 ; l. 0,34. 1882. Moscou, Musée des Beaux-Arts Pouchkine. (Revenir)
(17) Édouard Manet, Méry Laurent de profil ou Méry Laurent de profil, nu-tête (RWII, 53). Légué par Méry Laurent à Victor Margueritte. Pastel. H. 41,6 ; l. 37,1.1881. Ishibashi Foundation, Bridgestone Museum of Art, Tokyo. (Revenir)
(18) Henri Gervex, La Naissance de Vénus [Méry Laurent], esquisse vendue en 1896 à Méry Laurent. H. 0,52 ; l. 0,33. Paris. On distingue cette esquisse encadrée accrochée par-dessus le trumeau du salon de Méry, sur une photographie la représentant en compagnie de Mallarmé et Gervex. Chancellerie des Universités de Paris – Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris. (Revenir)
(19) Albert Flament, La Vie de Manet, Plon, 1928, p. 326. (Revenir)
(20) Auguste Tabarant, Manet et ses œuvres, Gallimard, 1947, p. 426. (Revenir)
(21) Henri Gervex, Rosette, esquisse à l'aquarelle pour le portrait de Méry Laurent. H. 28,5 ; l. 0,22. Chancellerie des Universités de Paris – Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris. (Revenir)
(22) Henri Gervex, Portrait de Méry Laurent. Huile sur toile, H. 0,65 ; l.0,51. 1892. Chancellerie des Universités de Paris – Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Paris.(Revenir)
(23) Stéphane Mallarmé, Lettres à Méry Laurent, Édition établie et présentée par Bertrand Marchal, NRF, Gallimard, 1996, p. 42. Lettre du 15 juillet 1888. (Revenir)
(24) Cf. Méry Laurent, Manet, Mallarmé et les autres..., Art-Lys, Ville de Nancy, 2005. (Revenir)
(25) Méry Laurent à Édouard Dujardin, 18 juin 1893. Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, Fonds Henri Mondor, MNR Ms 1763. (Revenir)
(26) Jacques-Émile Blanche, « Quelques notes sur Manet » in Propos de peintres – De David à Degas, Première série, Préface de Marcel Proust, Émile-Paul frères, 1919, pages 133-152. (Revenir)
(27) Édouard Manet, Méry Laurent à la toque. Cf. supra, note 10. (Revenir)
(28) Jacques-Émile Blanche, « Les Pastels de Manet », Formes, avril 1932, p. 254-255. (Revenir)
(29) « Quelques notes sur Manet », op. cit., pp. 142-145. (Revenir)
(30) Jacques-Émile Blanche, Portrait de Méry Laurent, Huile sur toile. H.0,81 ; l.0,59. 1893. Collection particulière. (Revenir)
(31) Anne Borrel, Femmes de Mallarmé, Musée départemental Stéphane Mallarmé – Lienart éditions, 2011. (Revenir)
(32) Jacques-Émile Blanche, Étude pour le portrait de Stéphane Mallarmé et de ses amis de la Revue indépendante. Huile sur toile. H. 0,61 ; l. 0,73. 1889. Rouen, Musée des Beaux-arts. (Revenir)
(33) Jacques-Émile Blanche, Portrait de Jeanne-Julie Régnault, dite Julia Bartet, sociétaire de la Comédie-Française (1851-1941). Pastel sur toile. H.157,3 ; l. 76,5.1889. Versailles, Châteaux de Versailles et de Trianon. (Revenir)
(34) L'expression est de Stéphane Mallarmé. (Revenir)
(35) Paris, Bibliothèque de l'Institut de France, fonds Blanche, Ms 4829 – 98. (Revenir)
(36) Jacques-Émile Blanche, Marcel Proust. Huile sur toile. H.73,5 ; l. 60,5 cm. 1891. Paris, Musée d'Orsay. (Revenir)
(37) Édouard Manet, Élisa (RWII, 89). Pastel. H. 0,25 ; l. 0,20. RW spécifie : « Signé par Mme Manet après la mort de Manet et daté par erreur de 1882. » 1883. « Ce pastel est la toute dernière œuvre de Manet, d'après Antonin Proust [...]. Historique : Mme Veuve Manet fit cadeau de ce pastel à Élisa ; Mlle Élisa, c. 1902.» Non reproduit in RW. Localisation inconnue. (Revenir)
(38) Cf. Anne Borrel, op. cit.  (Revenir)